La ville. Sept façon de l’appréhender.


Une analyse personnelle sur la base des travaux de l’INTA ( International Urban Development Association).

1. Le passage de la ville à l’urbain.
La volonté de rationaliser les villes avec notamment son zonage mono fonctionnel (voir POS et PLU ) est responsable de la dégradation esthétique et sociale de l’espace urbain et périurbain ( zone franche urbaine par exemple ). La logique globale est celle de la marchandisation avec privatisation de la ville, de quartiers, l’installation d’ensembles résidentiels clos. L’espace urbain devient un vecteur économique d’avantage qu’un lieu de vie. Cela aboutit entre autre, à une mise en concurrence des villes ( je crois avoir déjà entendu : « pour qu’Evreux ne ressemble pas à Dreux » ).

2. La gentrification,
c’est à dire la colonisation des quartiers populaires par une population nantie. ( exemple : quartier Vauban au Havre ).
La notion de mixité sociale est souvent un piège idéologique car cette mixité se fait toujours à sens unique. Il s’agit d’introduire quelques petits bourgeois dans les quartiers populaires, jamais l’inverse. La proximité géographique ne peut tenir lieu de proximité sociale.

3. Le centre urbain.
Le centre urbain n’est pas la poursuite de la ville, mais son adaptation aux modes de vie petits bourgeois. Comme la croissance économique des villes dépend de la capacité à attirer cette classe créatrice, il faut donc privilégier des politiques en sa faveur, adapter des infrastructures et les équipements branchés, utiliser l’art moderne comme produit d’appel pour riches et de stigmatisation des pauvres ( SMAC, Plein la teuf au Mata Hari …).

4. La revitalisation.
Officiellement dans l’intérêt des habitants, cette politique n’est qu’un alibi pour jouer les bobos contre les milieux populaires. La revitalisation est toujours un cache sexe dissimulant des politiques favorisant les modes de vie non familiaux et non collectifs au profit d’usages individualistes et consuméristes de la ville, y compris avec la critique de la maison familiale. Cette notion sous entend que les quartiers populaires ne seraient pas vivants ( c’est ce que sous tend l’axe de développement « animation du territoire » présent dans certains PST, ou l’idée de « remettre à niveau » le quartier de la Madeleine... )

Quelques propositions à débattre…

5. la démarchandisation de l’espace urbain.
Cette politique suppose donc une réflexion sur le foncier ( bâti et non bâti ) avec notamment une analyse de l’impact du capitalisme financier sur le remembrement des villes ( dont le symbole est le système des ventes à la découpe ). Comment réaffirmer le droit au logement si ce n’est en organisant un service public du logement, en remettant en cause la politique actuelle dite de décabanisation, qui n’est qu’une lutte acharnée contre toutes les formes d’habitats non conventionnels ( caravanes, camping, cabanes, véhicules, maisons écologiques dotées de structures démontables, … ) avec une réflexion sur le passage de la sécurité au sécuritaire, de l’hygiène à l’hygiénisme, etc.

6. redonner toute sa place au désordre urbain.
Ce qui suppose le retour des commerces de proximité, des marchés, des lieux de rencontres, des kiosques à musique, des espaces de jeux pour les divers âges, …

7. Une déséconomisation de l’espace urbain.
Elle est nécessaire pour refaire société : cette ville gourmande doit rompre pour cela avec tout ce qui caractérise la modernité : le culte de la vitesse, le gigantisme, la négation du temps, etc. Nous devons mettre en tension deux modèles : celui des écoquartiers et écovillages aisément recyclables et celui du réseau international des ville lentes.

source image : carfree.free.fr

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